Aspects biographiques

Jean de la Fontaine naît le 8 juillet 1621, à Château-Thierry, en Champagne, où son père exerce la charge de maître des Eaux et Forêts du duché. A 20 ans, il entre en qualité de novice au couvent de l’Oratoire mais dès l’année suivante, il renonce à l’état clérical pour se tourner vers l’étude du Droit et obtient le titre d’avocat au parlement de Paris en 1649. De cette manière, il peut bientôt succéder à son père dans la charge de maître des Eaux et Forêts.

Portrait de La Fontaine

Perrault, Charles (1628-1703)
Les hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, avec leurs portraits au naturel. Par Mr Charles Perrault, de l’Académie françoise .

A Paris, chez Antoine Dezallier. 1696-1700
Fol AA 90 Réserve

 

Cette notice biographique, rédigée par Charles Perrault, est la première notice biographique sur Jean de La Fontaine écrite peu de temps après sa mort, témoignage d’autant plus important que les deux hommes s’étaient bien connus.

Le portrait qui illustre cette notice a été gravé par Gérard Edelinck (1640-1707), d’après le célèbre portrait peint par Hyacinthe Rigaud (1659-1743).

Toutefois au cours de ses jeunes années, il est plus attiré par les plaisirs de la vie et se rêve en homme de lettres et en poète. Paris, les femmes et son cercle d’amis font ainsi bon accueil à son esprit et à sa conversation. En novembre 1647, il épouse Marie Héricart. Un fils naît en 1653 mais le couple se sépare en 1657. Jean de La Fontaine se consacre alors pleinement à sa vie artistique.

La première œuvre véritable de La Fontaine paraît en 1654. Comédie inspirée d’un drame antique de Térence, L’Eunuque passe inaperçu. Mais en 1658, sa rencontre avec Nicolas Fouquet, surintendant des Finances de Louis XIV lui assure une protection qu’il espère durable et qu’il matérialise en lui dédiant son poème mythologique, Adonis. Mais Fouquet est disgracié dès 1661 par Louis XIV et La Fontaine doit se trouver une nouvelle protection pour pallier ses ennuis financiers.

Il faut que je vous apprenne jusqu'à mes songes

Jean de La Fontaine (1621-1695)
Il faut que je vous apprenne jusqu’à mes songes.

Lettres réunies et présentées par Pascal Tonazzi.
Paris, Le passeur. 2021
NSd 26561

En 1664, la duchesse de Bouillon, nièce de Mazarin, vient habiter la ville, et demande à La Fontaine de la distraire. S’inspirant de Boccace et de l’Arioste, il écrit des Contes et Nouvelles frivoles, paillards qui plaisent beaucoup à la duchesse, mais font scandale.

Il cherche alors à obtenir une pension du roi mais Colbert veille à ce que cet ancien protégé de Fouquet ne fréquente pas la Cour. Pour se faire pardonner ses écrits libertins, La Fontaine publie son premier recueil de Fables en mars 1668 (livres I à VI) (les livres suivants en 1678, 1679 et l’ultime livre XII, en septembre 1693).

Les Fables sont un succès mais financièrement et socialement, la situation de La Fontaine reste précaire. Il doit revendre sa charge de maître des Eaux et Forêts en 1671, trouver une nouvelle protectrice en la personne de madame de La Sablière et ses écrits successifs comme Les amours de Psyché et de Cupidon (1669), Clymène (1671), Daphné (1672), ont un succès limité ou déplaisent au roi et sont interdits comme Les Nouveaux Contes (1674).

 

Recueil de harangues

Recueil de harangues prononcées par messieurs de l’Académie françoise dans leurs réceptions...
A Paris, chez Jean Baptiste Coignard. 1698
4° P 20

Discours prononcé par La Fontaine le 2 mai 1684 lors de sa réception à l’Académie française au fauteuil de Colbert, suivi de la réponse à son discours par l’Abbé de La Chambre.

 

Toutefois cette activité littéraire et la mort de Colbert lui permettent de se présenter en 1684 à l’Académie française, au siège de Colbert précisément. Mais son concurrent Boileau a les faveurs du roi. La Fontaine est élu mais le roi, qui se souvient des Contes, fait surseoir à la réception. Il faut que Boileau soit élu l’année suivante pour que La Fontaine devienne, lui aussi, officiellement immortel. Lors de la querelle des Anciens (se réclamant de l'héritage de l’Antiquité) et des Modernes (pour qui les œuvres contemporaines, à la gloire du Roi et de la Chrétienté, sont forcément supérieures), La Fontaine se range dans le camp des premiers.

 Siècle de Louis le Grand

Charles Perrault (1628-1703)
Parallèle des Anciens et des Modernes en ce qui regarde les arts et les sciences. Dialogues. Avec le poëme du Siècle de Louis le Grand. Par M. Perrault, de l’Académie françoise.

A Paris. Chez la veuve de Jean Baptiste Coignard et Jean Baptiste Coignard fils. 1690.
8° R 342

 

C’est par le poème, Le Siècle de Louis le Grand, lu pendant la séance de l’Académie française du 27 janvier 1687, que Charles Perrault déclencha la Querelle des Anciens et des Modernes. Perrault y exalte les mérites de ses contemporains, tant en matière de littérature, qu’en matière d’art ou de science. A l’opposé, Boileau défendit le parti des anciens, soutenant que la création littéraire repose sur le respect et la juste appréciation de l’héritage de l’Antiquité. La Fontaine se rangea du côté des anciens et répondit par la publication d’une épître intitulée A Monseigneur l’évêque de Soissons, en lui donnant un Quintilien de la traduction d’Oratio Toscanella.

Querelle des Anciens et des Modernes

Marc Fumaroli (1932-2020)
La Querelle des Anciens et des Modernes.

Paris, Gallimard. 2001

La mort de Mme de la Sablière, en 1693, le laisse désemparé. Tombé malade, les Académiciens, au chevet de leur confrère, l’entendent promettre de ne plus rien publier qui soit contraire à la religion et à la vertu. Il tient parole jusqu’à sa mort le 13 avril 1695, en manifestant tous les signes d’une grande dévotion.

Le Fablier

Marc Fumaroli (1932-2020)
La Fontaine et l’Académie.

Extrait de Le Fablier, revue des amis de Jean de La Fontaine. Année 1996, n° 8, pp. 185-190
Fumaroli 2898

 

      Oeuvres diverses