Le fonds de la bibliothèque Schiltz réunit environ cent cinquante gravures et quelques photographies anciennes. Nous retrouvons à travers ces estampes les centres d’intérêt et d’étude de Véronique Schiltz : les peuples des steppes du monde russe, la Grèce et le Moyen-Orient. Il s’agit essentiellement de gravures issues de livres de voyage du XVIIIe siècle (voir Géographie, Voyages). Nous pouvons aussi noter un certain goût pour la gravure populaire, avec notamment une collection de trente « Vues d’optique », genre qui a connu un grand succès du milieu du XVIIIe jusqu’à la fin du XIXe siècle. Enfin, il faut souligner la présence de quelques pièces rares réalisées par des grands maîtres de la gravure.
Gravures Renaissance
Martin Schongauer (1450?-1491). |
Dessinateur, graveur et peintre, Martin Schongauer fut l’un des plus illustres artistes allemands de son temps. Admiré jusqu’en Italie, il influença tous les maîtres allemands et suisses du début du XVIe siècle, notamment Albrecht Dürer.
Cette gravure appartient à une suite de la Vie de la Vierge en quatre planches. Dürer s’est inspiré de la composition de Schongauer pour sa Mort de la Vierge gravée sur bois en 1510.
Albrecht Dürer (1471-1528). |
Cette Vierge à l’Enfant a été réalisée la même année que la plus célèbre gravure de Dürer, Melancolia I, et entretient avec cette œuvre des relations de ressemblances et d’oppositions très certainement voulues par l’artiste. L’arrière-plan représente le château de Nüremberg.
D Clio XVIIII. 19. |
Les « Tarots de Mantegna » sont une suite de cinquante estampes du XVe siècle dont il existe deux versions différentes, la « série E » et la « série S », réalisées au burin par des artistes italiens non identifiés. La plus ancienne, la « série E », a vraisemblablement été gravée par un ou des artistes de la cour de Ferrare vers 1465. Les cinquante gravures sont numérotées en chiffres romains et arabes. Elles sont divisées en cinq séries de dix figures désignées par les lettres E, D, C, B, A. Cette gravure de Clio appartient à la série D qui a pour thème les neuf muses et Apollon. Cette suite a inspiré de nombreux artistes à la fin du XVe siècle et tout au long du XVIe siècle.
Vues d’optique
Les vues d’optique sont des gravures destinées à être regardées au moyen d’un appareil dit « d’optique ». Cet instrument muni d’un miroir et d’une lentille grossissante permet l’examen des gravures par réflexion afin de donner l’illusion d’un relief et d’une perspective accentuée.
Apparues en Angleterre dans la première moitié du XVIIIe siècle, elles rencontrent un grand succès dans toute l’Europe à partir de 1740. Les principaux centres de production des vues d’optique sont Londres, Paris, Augsbourg et Bassano del Grappa en Italie.
Ces images sont généralement gravées à l’eau-forte et sommairement coloriées à la gouache ou à l’aquarelle. D’un format relativement standardisé (23 x 40 cm pour le motif gravé et 30 x 45 pour la feuille), elles représentent le plus souvent des vues topographiques et des intérieurs architecturaux, ou des événements mémorables et des cérémonies publiques. Le titre dans la marge supérieure est généralement gravé à l’envers afin d’être lisible par réflexion. La légende est gravée dans la marge inférieure en sens normal, parfois en plusieurs langues. Les vues d’optique sont rarement des œuvres originales. Elles sont pour la plupart des copies de gravures d’artistes réputés comme Aveline, Silvestre, Rigaud ou encore Piranèse.
L’édition de vues d’optique est très abondante en France jusque dans les années 1820. L’éditeur parisien Basset est le dernier à en publier vers les années 1840-1850. Elles continuent cependant de circuler grâce aux montreurs de vues d’optique qui circulent dans les campagnes jusqu’au début du XXe siècle.
Edifice grec près d’Athènes |
Vue d’optique d’après le Ponte Magnifico de Giambatista Piranesi.
Vue du grand Arsenal à Venise |
Joseph explique les songes des prisonniers officiers du Roy Pharaon |
Giuseppe Vasi (1710-1782). |
Cette gravure a été ajourée et perforée. Certains appareils permettaient l’examen des vues d’optique à la fois par réflexion et par transparence. Un effet nocturne était alors obtenu en ajourant l’image et en la perçant d’ouvertures correspondant à certaines parties éclairées de la vue.
Pour un aperçu de l'effet nocturne : cliquer ici
Le profil du Palais de Pétersbourg. |
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