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Tandis que Piranèse exalte la grandeur de la Rome antique, l’intérêt d’un nombre grandissant d’artistes et d’antiquaires se focalise de plus en plus sur la Grèce. Déjà, dans la première moitié du siècle, des théoriciens comme Amédée Frézier et Jean-Louis de Cordemoy ont attiré l’attention sur son architecture, relayés en cela par le comte de Caylus qui, après avoir voyagé au Levant, publie son Recueil d’antiquités égyptiennes, étrusques, grecques et romaines (1752-1767). Enfin, Marc-Antoine Laugier, dans son Essai sur l’architecture (1755), enfonce le coin dans la pensée vitruvienne en défendant l’idée de la supériorité artistique de la Grèce, affirmant que « l’architecture [lui] doit ce qu’elle a de plus parfait (...), nation privilégiée à qui il était réservé (...) de tout inventer dans les arts ». Enfin et surtout, après que Julien-David Le Roy a publié ses Ruines des plus beaux monuments de la Grèce (1758), premier ouvrage établissant un principe de filiation entre architecture grecque et romaine, Piranèse s’érige en défenseur du génie romain. Dès lors, il objecte que l'art grec est séduisant mais capricieux et dépourvu de grandeur, et que, si les ordres venaient de Grèce, l'architecture utilitaire et fonctionnelle a ses racines dans le sol romain : égouts, aqueducs, cirques, routes prouvent la supériorité des architectes et ingénieurs de l’empire et même de leurs prédécesseurs étrusques. Mariette, qui pourtant apprécie l’art du Vénitien, s’invite alors dans la controverse en s’opposant aux idées de Piranèse, lequel lui répond vivement par ses Osservazioni sopra la « lettre de M. Mariette » (1765).
Mais, rapidement, Piranèse déplace les termes du débat, abandonnant sa position de champion de la primauté de Rome en faveur d’un plaidoyer pour la liberté d’inventer. Parti de Vitruve et de Palladio, il aboutit ainsi, sans détourner ses regards de l’antique, à des formes audacieusement personnelles et nouvelles. Dans les Diversere d’adornare i cammini suivi d’un Ragionamento apologetico…, Piranèse réclame en effet le droit d’inventer : l’antiquité n’est pas à ses yeux un domaine aride où règnent d’inflexibles canons, mais une matière ample et variée à laquelle il mêle l’héritage étrusque et même l’Égypte qu’il connaît par l’exemple des décorateurs romains du Ier siècle. A la pureté frileuse que défend Mariette, Piranèse oppose des conceptions vigoureuses, entasse les motifs, créant un effet d’accumulation anti-classique qui confine à la bizarrerie. En introduisant le concept d’une licence créative, il contribue à l’affaiblissement du classicisme conventionnel et ouvre la voie à l’éclectisme.
David Le Roy (1728-1803) |
Giambattista Piranesi |
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